Étendues : Incidences
29 photographies de André Avril réalisées
le 21 mars 2004 entre 9h et 15h30 dans l’atelier de SH
Ces toiles ont
toutes été commencées en même temps. Comment montrer que chacune devenait
autonome, n’en restant pas moins porteuse des empreintes de la précédente et
de celle qui lui succède ?
Environs de 3
mètres sur 2, ces draps choisis sans jamais être modifiés, représentent la
surface au sol dont j’ai longtemps disposé.
Désireuse
d’une étendue plutôt que d’un
espace fermé, j’ai superposé les 36 draps, laissé la couleur se déposer,
se déporter , chaque fois plus faible d’une toile à l’autre.
Certaines ont rapidement été mises sur le côté.
Quand je
demandais à André Avril, mon ami photographe de venir à l’atelier, je me
souvenais d’un sensation précise en regardant son travail personnel. Les
lieux choisis devenaient des réceptacles.
Il s’agissait de capter des changements infimes de la lumière.
Je disposais
à présent d’un sol permettant de recevoir simultanéité 4 toiles. Je disais
4 temps. Préparant la séance, je découvris que le processus comportait des
temps et des absences de temps. Absence
de temps ? Temps blanc, peut-être.
Ceux-ci révélant le poids de la matière et la fluidité de la lumière.
J’avançais timidement. Nous l’avions décidé : la séance commençait
avec l’arrivée de la lumière s’achèverait par notre fatigue.
André Avril voyait l’espace du haut de la mezzanine.
Je déplaçais au sol les toiles par 4, par 3, par 2,
puis 1 , et enfin acceptait
la réalité de l’espace sans toile, cet espace nu . 29 poses se proposèrent dans le déroulement de la journée.
Désormais en dehors du processus, je découvrais
la fluidité, mais aussi les dissonances à peine perceptibles d’une
toile à l’autre. Il m’apparut
que l’espace entre, ce temps d’arrêt : entre une toile et une autre
toile recréait le mouvement même du processus.
Aujourd’hui
je continue à parler de série, pourtant sur les 36 toiles certaines
n’existent plus. Les 29 poses photographiées ont impliquées des choix et
l’acceptation d’une certaine indétermination. Celle-ci avec une autre ?
Pourquoi pas. Ce format plutôt qu’un autre ? Pourquoi pas.
Puisqu’il contient en lui-même la présence du corps. Et que mon corps
contient l’étendue du paysage.